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Les Tramways électriques de l'Ouest Varois (T.O.V) 1912 - 1936 -  page 2 la matériel roulant

Les T.O.V sont traités sur 2 pages :     page 1 Historique du réseau    Page 2 : le matériel roulant

Logo des Tramways de l'Ouest Varois

Le matériel roulant :

Le 11 avril 1914, l'Ouest Varois avait passé commande de 8 motrices aux ateliers Ragheno  à Malines (Belgique) avec équipement Westinghouse; la déclaration de guerre du 11 août 1914 empêchera la livraison de ce matériel (on ignore d'ailleurs s'il avait été réellement construit). La compagnie de l'O.V devra alors se rabattre sur la recherche de matériel d'occasion. Certains auteurs pensent que seules les caisses auraient été livrées.

Motrices Dyle - Bacalan Ateliers du Beaujolais :

Les premières acquisitions se font auprès du réseau de Lyon, l'OTL (Omnibus et Tramways de Lyon). Cette compagnie avait mis en service en 1895 -1896, 10 motrices numérotées 13 à 22, construites semble-t-il, en réutilisant des remorques Dyle et Bacalan qui furent montées sur des trucks à 2 essieux; leurs plateformes trop exiguës, furent rallongées en 1907. Ce matériel sera critiqué pour la hauteur de son plancher et assez fatigué, sera peu à peu réformé au cours de la guerre de 14.

Faute de mieux sur le marché de l'occasion, l'O.V achète en 1919, pour la somme de 7 500 F, 3 motrices N° 13, 20 et 21 qu'elle fait remettre en état par les Ateliers du Beaujolais, à Villefranche pour la somme de 4 986 F.

Avec ces 3 motrices, l'O.V achète également des remorques. On n'en connaît pas grand chose mais l'inventaire de 1923 indique qu'elles étaient du type ouvertes.

L'O.V disposa également de wagons de marchandises, l'effectif initial aurait été de 4 mais en 1923, le rapport d'inventaire n'en signale que 2, aménagés avec des bancs longitudinaux, utilisés comme remorques pour les jours d'affluence.

Grâce à ces 3 motrices la ligne peut enfin commencer à fonctionner le 5 novembre 1917.

Photo collection AMTUIR - Une motrice Dyle-Bacalan au terminus du Beausset vers 1919

Arrivée du tramway au Beausset, boulevard Chanzy

Motrices Dyle-Bacalan - Ateliers du Beaujolais

Longueur hors tampons 7,860 m avec leurs plateformes de 1,810 m  non vestibulées.
Largeur 2,100 m
Hauteur (au sommet du chapeau de gendarme) 3,630 m
Hauteur du plancher 0,840 m nécessitant 2 palettes de marchepied aux accès dans l'angle gauche de chaque plateforme
Intérieur 2 compartiments de 1ère classe (1,840 m) et de 2ème classe (1,790 m) avec banquettes longitudinales qui furent rééquipés en classe unique
Attelage Type classique avec tampons secs et barre d'attelage
Equipement électrique 2 moteurs GE 800 Thomson-Houston avec contrôleurs Westinghouse

Truck ( conception américaine Taylor) construit par les Chantiers de La Buire sous licence Thomson-Houston

Empattement de 1,800 m - roues de 0,800 m
Capacité

16 places assises et 12 places debout - total : 28 places

 

Motrice à impériale ( nommée par erreur Durey-Sohy) :

Cette motrice à impériale détonnait terriblement sur le réseau de l'O.V surtout lorsqu'elle était photographiée se frayant un passage sur les routes escarpées et étroites des gorges rocheuses d'Ollioules où elle tutoyait un impressionnant ravin . Les 3 motrices étant insuffisantes, l'O.V se procura à Paris en 1919, ce véhicule pour le moins inattendu et bien peu adapté au relief de la région.

Le constructeur mentionné dans divers documents y compris dans le livre de Gabriel Bonnafoux, est Durey-Sohy sauf que cette société est totalement inconnue en tant que constructeur de tramways On la trouve sur des documents datés de 1905 concernant l'exposition de Liège (Belgique) et en 1907 à Toulouse :

Etablissements Durey-Sohy : Fardiers, locomobiles, balayeuses, pompes à grand débit...

Exposition de Liège 1905 : M. Durey-Sohy, à Paris, exposait des balayeuses, des tonneaux d'arrosage, etc., et notamment une balayeuse-arroseuse d'un système nouveau ainsi qu'une chaudière mobile pour le chauffage du goudron destiné au goudronnage des routes.

Toulouse 1907 bulletin municipal : Dans sa séance du 16 avril 1907, le Conseil municipal a renvoyé à la Commission des grands travaux, l'examen d'une soumission souscrite par M. Durey-Sohy, ingénieur-constructeur, 17, 19, rue Lebrun, Paris, ayant trait à la fourniture, franco en gare de Toulouse, moyennant le prix forfaitaire de 2 860 F, de deux balayeuses N° 1, système Durey-Sohy, à contre-poids mobile, modèle de la Ville de Paris, portant balai de 2 m 10, complètes, avec chacune leurs accessoires. Ces balayeuses ont été livrées le 15 février 1907.

Alors pourquoi cette appellation erronée ? Peut-être le nom de Durey-Sohy apparaissait quelques part sur une pièce de la motrice, peut-être s'agissait-il du système de freinage à air comprimé ? 

Ce véhicule a été remis en état aux Ateliers d'Ivry et a fait l'objet d'un P.V de réception le 30 mai 1919. L'origine de cette motrice est encore assez mystérieuse. Jacques Chapuis pense que cette motrice avait été constituée par un châssis de motrice dite "Gennevilliers" à 2 essieux, de 1900 dont 10 exemplaires furent repris par la STCRP à la TPDS sur un effectif d'au moins 14 (les N° 35, 36 et 40 ne furent pas reprises par la STCRP ce qui pouvait laisser penser qu'il s'agissait de voitures détruites ou en mauvais état dont les châssis pouvaient être récupérables. La caisse correspond à celle d'une motrice à impériale du type "Aubervilliers"  à bogies (modèle sorti en 1898)

Peinture de Jean-Pierre Longato - Sur le réseau de L'Ouest Varois, une motrice à impériale de 1919 (ex réseau parisien) passe ici dans les gorges d'Ollioules au lieu-dit "La Roche taillée", un passage particulièrement impressionnant où fut arrêté le fameux espion Charles Benjamin Ullmo, le 23 octobre 1907.                                              (Cliquer pour agrandir)

La carte postale qui a servi de modèle au peintre.
Photo collection AMTUIR - Passage du tramway dans les gorges d'Ollioules vers 1920
La motrice à impériale passant sur la route des gorges à Ollioules

Motrice à impériale 

Longueur hors tampons 8.450m
Largeur 2,100 m
Hauteur 4,450 m
Tare 13,5 tonnes
Frein à vis - le frein à air comprimé étant hors fonction
Equipement électrique 2 moteurs Westinghouse de 40 Ch sous 600 Volts (20 Ch sous 500 Volts)

Empattement trucks

1,800 m - diamètre des roues ; 0,800 m
Capacité

Places assises en bas : 24 places sur banquettes en long - Places debout en bas : 8 (chaque plateforme peut accueillir 4 voyageurs à cause de la place prise par les escaliers ) - Places dans l'impériale : 30  sur banquettes en long mais dos à dos- Total : 62 places

La grande hauteur de cette motrice avec son impériale ne lui permettait pas de passer sous le pont du P.L.M ce qui la confinait au service de la ligne du Beausset. Vers la fin de sa carrière, un châssis vitré avait été installé devant chaque poste de conduite pour préserver le wattman, du froid, du vent et de la pluie.

Motrices "C" :

Le matériel roulant devait comporter  8 motrices Brill, construites par Ragheno à Malines en Belgique. Du fait de la guerre de 14, seules les caisses ont été livrées en 1919.  Ces caisses sont d'un aspect déjà très moderne pour l'époque.

Les caisses de chaque motrice étaient équipées de 10 baies munies de châssis vitrés descendant dans la paroi, assortis de persiennes et de stores. La caisse était munie d'un lanterneau sur toute la longueur et les plateformes extrêmes étaient vitrées et accessibles par des portillons de chaque côté.

L'O.V va s'adresser à nouveau aux Ateliers du Beaujolais pour équiper 2 caisses avec un moteur et un truck, les 2 autres caisses livrées sans truck ni moteur resteront inutilisées.

La première motrice est équipée d'un truck Brill de 3,500 m  d'empattement. Elle reçut le numéro C 1 et fut réceptionnée le 26 mai 1919. Elle était munie de 2 moteurs Thomson-Houston développant 45 Ch sous 500 Volts et 55 Ch sous 600 Volts.

Le passage de la motrice C1 étant difficile dans les courbes selon l'O.V, la compagnie fit donc équiper la 2ème motrice numérotée C 2, d'un truck Brill classique (donc plus court) de 2, 800 m.

Le modèle de truck utilisé était du modèle Brill-Radiax produit par la firme J.G Brill de Philadelphie (USA) voir illustration ci-dessous et le paragraphe qui lui est consacrée sur la page de la motrice Carde. Les boîtes d'essieux au lieu d'être guidées par des plaques de garde maintenant le parallélisme des essieux, étaient suspendues par des biellettes leur permettant de prendre une certaine position radiale dans les courbes. Ce modèle est resté peu répandu en France et s'est retrouvé notamment sur les motrices de la série "R" de Saint-Étienne.

L'expérience a prouvé que dans les courbes de tels essieux tendaient à prendre l'angle inverse de celui souhaité et en ligne droite, ils avaient tendance à l'instabilité et au louvoiement (tendance à onduler sur les rails)

Malheureusement en raison d'un empattement trop court pour la longueur et de la masse de la caisse, la voiture manquait de stabilité. Pour résoudre ces problèmes de tenue de voie, il aurait fallu équiper les 2 motrices avec des bogies mais il n'en fut rien et les deux motrices finirent par rester inutilisées à cause de ce mauvais choix techniques.. Le tout sera revendu aux tramways de Cannes en 1924 (d'après Wikipédia).

Truck Brill Radiax (1913)
Peinture de Jean-Pierre Longato - Motrice C 1 au dépôt d'Ollioules - (Cliquer pour agrandir)
Collection Renoult - La motrice C1 qui a servi de modèle au peintre

 

Motrices C 1 et C 2 -

Longueur hors tampons 9,925 m
Largeur 2,000 m
Compartiment central 7,100 m équipé de sièges transversaux en lattes de bois à dossiers réversibles
Tare 7,000 tonnes
Frein  
Equipement électrique  

Truck de la C1

Brill avec empattement de 3, 500 m

Truck de la C 2

Brill avec empattement de 2,800 m
Capacité 30 places

 

Motrices Jeumont :

Un avenant de 1929 enjoint l'O.V de se procurer de nouvelles motrices pour réformer le matériel d'origine. L'O.V fait l'acquisition de 2 motrices construites par les Forges et Ateliers de Constructions Electriques de Jeumont (FACEJ) situés à Jeumont (Nord). Les caractéristiques en sont modernes avec des caisses semi-métalliques, des grandes baies et des toits sans lanterneau avec 2 grandes plateformes vestibulées.

Peinture de Jean-Pierre Longato - Motrice Jeumont passant sur le port à Sanary    (Cliquer pour agrandir)
Photo Coll. A. Arthur - La motrice Jeumont prise chez le constructeur et déjà mises aux couleurs de l'Ouest Varois.

Motrices Jeumont

Longueur hors tampons  
Largeur  
Compartiment à 2 grandes plateformes vestibulées
Tare 10,5 tonnes
Frein  
Equipement électrique Moteurs auto-ventilés de 35 Ch unihoraires à 600 tr/ mn sous 550 Volts

Truck

à 2 essieux et double suspension
Capacité 18 places assises

 

Motrices type D :

En 1931, le réseau de Marseille cède 4 de ses vieilles motrices du type D. Il semble qu'elles aient circulé sur l'O.V avant de terminer leur longue carrière à Toulon après la cessation d'activité de l'Ouest Varois le 1er  juillet 1936.

Elles avaient été commandées par l'Administration centrale de la C.G.F.T (Compagnie Générale Française de Tramways) pour être réparties entre ses différents réseaux : Marseille, Le Havre, Nancy, Orléans. Ces motrices ont été construites au nombre de 109 à partir de 1898 soit par le réseau de Marseille lui-même soit par la Carrosserie Industrielle en région parisienne.

Les banquettes étaient disposées en long, ce qui avait fait surnommer ces véhicules, "les tramways des fadas" car les voyageurs tournaient résolument le dos aux glaces donc au spectacle de la rue et semblaient vus de l'extérieur, autant de potiches destinées à un jeu de massacre.

4 voitures furent vendues en 1931 à la Compagnie des Tramways électriques de l'Ouest Varois ( O.V). Elles avaient reçu de très nombreuses améliorations et modifications au cours de leur carrière. Ces voitures qui avaient déjà plus de 30 ans lorsqu'elles furent rachetées par l'O.V accusaient leur âge par rapport aux motrices C ou aux Jeumont même si elles avaient été retapées.

Les 4 motrices série D ont été vraisemblablement reprises par la SVTG au moment de la fermeture de la Compagnie des Tramways de l'Ouest Varois en 1937-38. Elles furent démolies vers les années 1945 - 46.

Vopir la page qui leur est consacrée : Motrice série D

Photo CFGT - coll. Roland Martin - Une motrice série D saisie sur le réseau de Marseille, qui se rend aux Chartreux.  Remarquez le  wattman et le receveur (à droite) avec leur uniforme blanc immaculé et leurs belles moustaches ( Ah, les belles bacchantes !) On savait être chic à cette époque et cela malgré la relative pénibilité du travail ( on conduisait debout et au plein vent).

Peinture de Jean-Pierre Longato - La même motrice série D N° 574 vue par l'artiste. (Cliquer pour agrandir)

Photos Michel Bonnafoux - maquette réalisée par Gabriel Bonnafoux - Un tramway de l'O.V qui pourrait être une des 4 motrices série D provenant de Marseille mais le nombre de fenêtres 4 (au lieu de 6 en principe sur les série D) nous ferait pencher plutôt ici pour une série B.  (Cliquer pour agrandir)

 

Motrices série D

Longueur hors tampons 8,310 m
Largeur 2,000 m
Hauteur 3,285 m
Plateformes

ouvertes extrêmes avec accès latéraux à condamnation par portillons amovibles

Tare 9,185 tonnes
Frein à vis - à cales
Equipement électrique Moteurs GE 800 - 2 x 27 Ch = 54 Ch

Truck

Ivry ou Blanc-Misseron

Capacité 22 places assises -28 places debouts - Total 50 places

 

Notes :

Ragheno :  Les usines Ragheno ont construit du matériel roulant pour chemins de fer et tramways. Elles étaient situées en Belgique à Malines dans la province d'Anvers.

Un premier établissement a été fondé en 1851 par le Bruxellois William Ragheno (1820-1867), et dénommé établissements Ragheno. Il comprend un atelier de forge et construit des wagons pour les chemins de fer belges. William Ragheno est le fils de Pierre Ragheno, ingénieur mécanicien des chemins de fer de l'État Belge.

Ensuite le 17 juin 1899 a été créée la Société anonyme des usines Ragheno (Ateliers de construction de matériel de chemins de fer & de tramways, voitures & wagons) , dans le but de développer la production sur les marchés étrangers. Cette entreprise produira jusqu'en 1975 du matériel roulant de chemins de fer et des tramways. L'usine a fabriqué des locomotives entre 1919 et 1925.

STCRP : La Société des transports en commun de la région parisienne a exploité les transports de voyageurs en surface dans l'ancien département de la Seine de 1921 à 1941, pour le compte de cette collectivité. La STCRP modernisa le réseau de tramways, puis organisa son remplacement par une desserte en autobus. Le dernier tramway exploité par la STCRP est supprimé en 1938. La STCRP est absorbée le 1er janvier 1942 par la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris (CMP), qui exploitera l'ensemble du réseau de métro et de bus de Paris et de sa banlieue jusqu'à la création de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), après la Libération.

TPDS : La Compagnie des Tramways de Paris et du Département de la Seine (TPDS) a été créée en 1887, pour exploiter les lignes situées au nord de Paris, dans l'ancien arrondissement de Saint-Denis du département de la Seine. Elle se substitue le 30 septembre 1887 à la Compagnie des tramways nord de Paris, cette dernière ayant obtenu le 9 août 18732, la concession d'exploitation pour un réseau au nord de la capitale. Le siège social est situé 19 rue de Londres, à Paris. Elle sera absorbée en 1921 par la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP).

Sources:

L'immense majorité des renseignements sur les tramways  provient de l'ouvrage suivant : "1880-1980  Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise" par Gabriel Bonnafoux (†) et Albert Clavel, paru en 1985 à compte d'auteur; imprimé par les Presses  de l'Atelier du Beausset - 83330 Le Beausset.( épuisé et difficile  à trouver).

Article de Jacques Chapuis dans la revue : Chemins de fer régionaux et urbains ( FACS-UNECTO) N° 220 (3ème trimestre 1990) et N° 224 (2ème trimestre 1991) -

Photos :  Gabriel Bonnafoux - Michel Bonnafoux - Maquettes de Gabriel Bonnafoux - Collection A. Arthur - CGFT  Collection Roland Martin.

Illustrations : Merci à Jean-Pierre Longato pour ses tableaux plein de fraîcheur à découvrir sur la page 2 de : "Souvenirs des tramways" - Illustration du truck Brill Radiax sur le site Council of Tramway Museums of Australasia :  http://www.cotma.net.au/   (Conseil des musées du tramway d'Australasie)

Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tramways_%C3%A9lectriques_de_l%27Ouest_Varois  - Usine Ragheno https://fr.wikipedia.org/wiki/Usines_Ragheno

Musée de l'AMTUIR : http://www.amtuir.org/