La vieille ville

Toulon, page d'accueil page 1    Toulon ma ville page 2    Toulon, la vieille ville page 3    Toulon, le cours Lafayette page 4    

Toute la fraîcheur des produits de Provence et leur saveur incomparable sont rassemblés tout au long de cette artère piétonnière qui dégringole vers le port.

La descente du cours Lafayette un matin de marché, avec ses senteurs d'épices qui vous sautent si délicieusement aux narines, est toujours un enchantement.Les parfums de la Provence se mêlent aux parfums de l'Orient, de l'Afrique du Nord.

La fontaine du Dauphin

Les couleurs, les odeurs, les commerçants qui vantent leur produit avé l'assent, c'est vraiment du grand spectacle de rue.

De la boutique du Café Magali (fondée en 1928 et fort heureusement toujours là au 14 rue de Lorgues ) s'exhalait une merveilleuse odeur de café moulu et grillé qui vous mettait l'eau à la bouche. Coup d'oeil sur la fontaine du Dauphin( photo ci-dessus à droite ) au coin de la rue Paul Lendrin qu'on appelle toujours le Petit Cours Lafayette puis l'on poursuit sa promenade jusqu'au musée du vieux Toulon qui vaut vraiment un détour.

Tout en bas, le magasin Castel-Chabre (hélas disparu en 2014) était une véritable institution, il était plus que centenaire puisque  créé en 1894; dans la rue à droite un regard sur la cathédrale Ste-Marie et son campanile, enfin, on arrive sur la place Louis Blanc.

La très belle église St-François de Paule vous invite à venir méditer un moment dans la fraîche pénombre de ses voûtes et pourquoi faire une petite prière. Sainte Rita attend ici les prières pour les causes désespérées.

 

J'aime déambuler à la recherche de mes souvenirs de ma jeunesse de collégien sur le boulevard de Strasbourg en jetant au passage un regard attendri au lycée  Peiresc ( photo ci-contre à gauche) puis emprunter le cours Lafayette et son dédale de petites rues adjacentes ( la rue Garibaldi et la Porte d'Italie sont des lieux que j'aime particulièrement)

La promenade aboutit toujours sur le carré du port où je respire l'air marin (moins iodé que celui de Bretagne certes) et m'enivre d'une grande goulée de ciel bleu et de soleil; ces couleurs me font penser à l'azur et à l'or, les couleurs si bien choisies du blason de Toulon.

 

Tel Cuverville, le Génie de la mer avec son bras tendu vers le large ( et son postérieur vers la ville d'où son patronyme), je contemple le port, ses bateaux, la mer d'un bleu outremer, un peu ébloui par le soleil qui inonde généreusement le Quai Stalingrad (l'ancien quai Cronstadt )

Au bord du quai, comme bercés par le clapotis des vagues, les innombrables bateaux de plaisance et les petits bateaux de pêche se dandinent doucement .

On dirait qu'avides d'horizons lointains, ils piaffent d'impatience. Instant rare de sérénité qui laisse des souvenirs impérissables, ceux-là même qu'on garde dans un coin de sa tête une fois revenu dans sa pluvieuse et morne région normande.

Hélas le Jean Bart n'est plus là, cet immense cuirassé de 300 m avec ses tourelles armées d'énormes canons de 380 mm, faisait autrefois partie intégrante du port.

C'était un but de visite incontournable pour les vedettes qui font découvrir la rade aux touristes. Parti à la ferraille le majestueux Jean Bart, quel dommage et quel gâchis !!!                 ( clic pour agrandir)

Face au port, une barre de béton hideuse au doux nom de "la frontale du port" (mais surnommée le bunker par les Toulonnais) occupe tout le front de mer,  héritage de la reconstruction d'après-guerre, elle est le prototype  du degré zéro de l'architecture. Quel dommage d'avoir ainsi "salopé"  une si belle vue. On doit cette "chose immonde" à l'architecte parisien Jean de Mailly.

Les commentaires de l'époque sont élogieux :"Grâce aux propositions novatrices émises par de Mailly et Mikélian, la ville de Toulon est considérée dans les années 1950 comme "un modèle de réussite urbaine et architecturale."        ( clic pour agrandir)

En 1951, au Salon des arts ménagers, vitrine nationale des innovations techniques, dans le cadre de l'exposition sur l'habitation organisée par le M.R.U ( Ministère de la Reconstruction Urbaine), Toulon s'affiche comme la réalisation phare. Tous les goûts sont dans la nature mais les toulonnais ont dans leur immense majorité rejeté ce type d'architecture.

Malgré tous les outrages du temps, toutes les verrues qui lui ont poussé dessus, toute cette laideur affligeante qu'on lui a fait subir, il reste toujours quelques petits endroits magiques car encore préservés et ceux-là, j'espère qu'ils resteront à jamais ainsi.  

Autre endroit très agréable qui a un charme fou:  la place Puget, en haut de la rue d'Alger. C''est comme la place d'un village avec ses cafés à l'ombre des vieux platanes.

Cette place doit son principal attrait à l'étonnante fontaine où le végétal le dispute au minéral : la Fontaine des Trois Dauphins, réalisée par l'architecte Toscat en 1782. Une abondante végétation a envahi peu à peu l'édifice.

Un figuier surplombe même les dauphins sculptés qui émergent au milieu d'une rocaille moussue. C'est une oasis au coeur de la vieille ville.

Racines :

Quand je me promène à Toulon, j'aime retrouver mes racines dans mon quartier du Cap Brun ( voir la page sur l'école du Cap Brun) ou de la Serinette. Mon vieux quartier du Cap Brun n'a pas trop changé, celui de la Serinette par contre a été métamorphosé lors de disparition dans les années 60, de la magnifique propriété de la Chartreuse avec ses vénérables oliviers où les immeubles de béton ont tout envahi .

Puis ce fut le tour du magnifique terrain appartenant à l'église St-Georges, là aussi de vieux oliviers ont fait place à une moderne résidence. Le joli oratoire de pierre daté du 17ème siècle a  été déplacé mais préservé. Difficile de résister au chant des sirènes des promoteurs...Un peu partout le long de l'avenue de la Résistance ( l'ancienne route du Cap Brun) des splendides jardins, des parcs avec de belles maisons anciennes, ont été dépecés en plusieurs parcelles pour construire de petits immeubles fort lucratifs ou plusieurs villas. Au prix du mètre carré, plus beaucoup de place pour les arbres ou les fleurs.

J'aime cette montée du chemin de la Serinette qui était il y'a encore peu d'années, bordée de platanes ( abattus récemment) et qui aboutit sur une agréable place que les boulistes animent.

Je garde le souvenir attendri des petits commerces où j'accompagnais ma mère "aux commissions"dans les années 55-60, il y'avait à peu près à la moitié du chemin de la Serinette sur le côté gauche en montant, une petite épicerie tenue par Monsieur Simon, je me rappelle encore quand il découpait le jambon avec sa trancheuse), puis on arrivait en haut sur la place autour de laquelle se regroupaient la plupart des commerces : le Casino au coin de la place, la droguerie avec ses gros flacons de verre aux liquides multicolores et odorants, à la fin de son existence, elle était tenue par Monsieur Navarre, le café "le Brazza"où maman m'achetait rituellement tous les jeudis sans faute, le journal de Mickey ( 25 à 30 F de l'époque le numéro). Autre étape: la crèmerie à l'enseigne "Le Bon Lait" tenue par 2 charmantes dames ( on y coupait le beurre dans une énorme motte avec 2 bâtons reliés par un fil d'acier, les bouteilles de lait et les pots de yaourt Benoît Chambourcy étaient encore en verre)

Juste au coin du boulevard François Nardi, se tenait la boulangerie Meiland avec cette bonne odeur de pain chaud qui vous mettait l'eau à la bouche.Une boulangerie existe encore au même endroit de nos jours.On pouvait voir le boulanger poudré de farine avec sa toque sur la tête.

De l'autre côté en allant vers le boulevard Jean-Baptiste Abel, juste au coin, il y' avait la boucherie Charrier avec ses carreaux rouges et blancs,  la maison Falaize-Juane juste à côté  faisait à l'époque commerce du gaz- mazout-bois-charbon et il y'avait même la pompe à essence. Fort heureusement, cette sympathique entreprise qui fait vraiment partie de l'histoire du quartier existe toujours mais elle a du quitter cet emplacement. Je me rappelle encore lorsque la station a changé d'enseigne et de cette fameuse pub: "Les ronds rouges arrivent" qui annonçaient la naissance de la  marque ELF son logo rouge et bleu qui figure 2 trépans ( têtes de foreuses pour le pétrole) .Cela se passait exactement fin avril 1967.

La descente de la rue Louis Barthou et de l'étroit chemin de la Barre avec ses gros rochers, était une vraie promenade de campagne, on allait ainsi à pied jusqu'à St-Jean du Var. Aujourd'hui les collines sont couvertes d'immeubles mais l'endroit a conservé malgré tout un peu de son charme ancien.

 Conclusion :  

 

Oui vraiment ! Toulon, ou on adore ou on déteste ! La demi-mesure est impossible pour juger cette ville. C'est une ville extrêmement mal aimée si l'on en juge tout ce que l'on lit ou entend à son sujet. J'entends rarement dire du bien de Toulon. Voir à ce sujet ce site et surtout restez bien assis : https://www.ville-ideale.fr/toulon_83137, ça fait mal !

Dans les actualités, à part le rugby et son mythique R.C.T, Toulon n'existe (presque) pas et se résume à : 

Un accident ou un incendie dans le tunnel, des tirs de kalach dans un quartier "sensible", des trafiics divers et variés, des problèmes de sécurité, des embouteillages monstres...) C'est ça les actus que je lis dans Var Matin sur Internet. Pas très réjouissant mais ce n'est que la triste vérité!

Pour moi Toulon est lointaine par la distance mais toujours très présente dans mon coeur, je ne pourrais jamais l'oublier. La ville a tellement changé depuis ma jeunesse qu'elle en est presque devenue méconnaissable, pas seulement au point de vue architectural mais aussi par la dégradation de la qualité de vie, par l'insécurité qui règne notamment dans certains quartiers...et puis ce chômage récurrent ( pour ce dernier point, là ça n'a pas changé)!

La population aussi a bien changé depuis les années 50 à 70.... Mais je crois malgré tout, que je l'aime encore un peu cette ville...La preuve, c'est que je n'ai pas pu m'empêcher de créer ces quelques pages pour lui rendre hommage et faire connaître quelques aspects de son histoire. Dommage que l'ancien maire de Toulon, M. Hubert Falco n'ait pas été fichu d'installer enfin un vrai tramway (sur rails) pour  améliorer les transports urbains. Décidément Toulon rate le coche.

 ©   Roland Le Corff 2003 - version du 11/05/2024