LE MACARON : LE TRAIN DU LITTORAL (page 1)

Sigle des Chemins de fer de Provence

Chemins de fer du Sud France : Ligne à voie métrique : Toulon - Hyères- Saint-Raphaël - Cogolin - Saint-Tropez

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Historique

Ce petit train à voie métrique qui circula entre 1905 et 1949, était surnommé communément le train des Pignes mais à Toulon, c'était "Le Macaron " Il appartenait à la compagnie des chemins de fer du Sud de la France ( SF, sigle ci-dessus à gauche, devenu plus tard Chemins de fer de la Provence : CP, sigle ci-dessus à droite)

Train des Pignes et Macaron :

De nos jours, le surnom de "train des Pignes" s'applique à la ligne Nice-Digne mais à l'époque, le train du Sud-France était déjà surnommé ainsi par les habitants de la région : pourquoi ? Probablement parce que le train traversait de nombreuses pinèdes où la voie était jonchée de pommes de pins ( les pignes : lei pigno en provençal)

Ces cônes de pins servaient couramment à allumer le feu du poêle ou de la cheminée; les mauvaises langues disaient que le train était si lent que l'on pouvait descendre en cours de route pour les ramasser. Les graines du pin d'Alep ne sont pas comestibles mais celles du pin parasol, si; sous le nom de pignons, on les utlise sur certains gâteaux comme amandes.

Pourquoi le Macaron ? A Toulon, le chemin de fer du littoral était connu sous le nom de Macaron  : Plusieurs explications ont été données: la première qui me paraît être la plus plausible est celle-ci : en provençal, le train était appelé Lou mascaroun (qui a donné le mot macaron) et qui veut dire "le noir"et plus précisément une personne noircie par le charbon. On appelait ainsi les mineurs de charbon par exemple. Quoi de plus logique que de dénommer ainsi un train à vapeur dont la fumée noire devait barbouiller le visage des voyageurs penchés à la fenêtre et bien sûr celui du mécanicien et du chauffeur placés aux premières loges ?

Une des explications les moins sérieuses à mon avis, dit que cela viendrait du macaron, qui comme chacun sait, est une délicieuse pâtisserie provençale, un petit gâteau rond à base d'amandes et de pignons ( les revoilà nos pignons !!); des assiettes de macarons auraient été distribuées aux invités lors de la cérémonie d'inauguration de la gare du Sud à Toulon. le 6 août 1905.

 Une autre explication viendrait du fait que de nombreux voyageurs ramenaient de Cogolin ( une des étapes de la ligne) une spécialité locale : la croquette ou macaron; un vendeur ambulant en aurait même vendu dans la cour de la gare du Sud en criant :"MacarooooOOOooons, macarons". Il existe d'autres hypothèses mais rien ne permet en fait d'avoir le fin mot de l'histoire. Je m'en tiens à la première hypothèse.

Naissance du projet de ligne :

La compagnie des chemins de fer du Sud de la France fut fondée par le baron Jacques de Reinach, banquier, élu administrateur le 28 avril 1890. Elle exploitait des lignes dans l'Isère et la Côte d'Or, et également de Nice à Meyrargues, de Nice à Digne et celle du littoral, limitée à Hyères. Les deux premières lignes étaient classées d'intérêt général, celle du littoral, d'intérêt local. La ligne Toulon-St-Raphaël-Cogolin-St-Tropez constituait l'artère maîtresse du réseau à voie métrique d'intérêt local du Var, concédé aux chemins de fer du Sud-France . Plus tard, après avoir perdu la propriété de presque tous ses réseaux, l'entreprise prit le nom de chemins de fer de la Provence (CP) et existe encore de nos jours pour la plus grande satisfaction des nombreux voyageurs qui empruntent la ligne Nice-Digne (connue sous le nom de "Train des Pignes")

 

Partant à Toulon, d'une gare monumentale située au-delà des fortifications, en arrière de la darse du Mourillon dans le quartier de la Rode ( des projets de raccordement avec la gare du PLM n'aboutirent pas) la ligne empruntait la vallée de l'Eygoutier ( la rivière des Amoureux), desservait le pont de la Clue, rejoignait le littoral à Carqueiranne(km 14) passait à San Salvadour puis en arrivant à Hyères, un raccordement atteignait la gare d'échange avec le PLM.

La ligne Toulon-Hyères longue de 23 kms fut mise en service le 21 août 1905.

La ligne principale desservait Hyères-Ville (km 23); au-delà, le tracé passait par La Londe, Bormes-les-Mimosas (km 41), Cavalière (km 50), Cavalaire (km 61), La Croix-Valmer (km 67), La Foux (km 74), Ste-Maxime (km 83), Saint-Aygulf (km 96), Fréjus, où se trouvait le dépôt principal et les ateliers pour se terminer en gare de St-Raphaël PLM (km 104) le long du quai de la voie 1.

De La Foux, un court embranchement perpendiculaire de 9 km, joignait St-Tropez à Cogolin.

La section St-Raphaël -La Foux fut livrée à l'exploitation le 19 septembre 1889, suivie de La Foux-Hyères le 4 août 1890 et de la transversale le 1er juillet 1894, mais Toulon ne fut atteint que le 21 août 1905.

Diverses autres lignes prévues (Toulon-Salernes par Brignoles et Cogolin-La Garde-Freinet, Collobrières-Solliès-Pont) ne furent pas construites.

Entièrement sur plate-forme indépendante et bien que s'écartant peu du littoral, cette ligne avait un profil difficile avec de nombreuses courbes, des rampes courtes mais dures, de nombreux passages à niveau.

Les trains à vapeur ( 3 aller et retour de bout en bout, plus 3 aller et retour Toulon-Hyères en 1924) mettaient de 5 à 7 heures pour le parcours, aussi la mise en service à partir de 1935, d'autorails articulés diesel-électriques Brissonneau et Lotz, équipés de 2 moteurs Berliet de 135 chevaux chacun, révolutionnèrent l'exploitation en permettant d'accomplir le trajet total en 2 h 40 soit à près de 40 km /h, résultat remarquable pour un service omnibus sur ce genre de ligne.  :

La desserte passa à 6 allers et retours de bout en bout, plus 4 à 6 de Toulon à Hyères.

Le succès fut tel que 4 autorails durent compléter en 1938, les 10 du début, pour permettre des jumelages, ainsi que 2 tracteurs diésels-électriques pour les marchandises.

Le parc vapeur qui atteignit de 20 à 21 machines, était à l'origine composé de petites 030 T pour la tranversale et de machines variées pour la grande ligne, notamment des 230 T.

Le parc remorqué comprenait une quarantaine de voitures, généralement à bogies et environ 200 wagons.

Pendant la guerre, les difficultés d'exploitation et d'entretien conduisirent à limiter le nombre des services et à allonger la durée du trajet à 3 h 30; un service mixte rail-route fut institué ultérieurement. La gare du Sud-France fut presque complètement détruite par les bombardements ( aujourd'hui à sa place s'élève le lycée Dumont d'Urville)

En 1947, ne subsistaient plus que que 2 allers et retours autorails, puis l'exploitation cessa en 1948.

Les autocars mettaient en 1974, 3 h 30 à 4 heures, faisant regretter cette ligne qui avec le développement du trafic côtier, aurait pu constituer un second Métrazur.

Souvenirs : Le Macaron, bien sûr, vu mon âge, je ne l'ai jamais connu puisqu'il a disparu 3 ans avant ma naissance, cependant mon père m'a raconté qu'il l'avait pris plusieurs fois pendant la guerre pour se rendre à Hyères afin d'essayer de se procurer quelques artichauts auprès des maraîchers. A Toulon, les habitants crevaient littéralement de faim et se procurer 2 artichauts ou 1 œuf relevait presque de l'exploit. Ce petit train avait donc un rôle absolument vital pour les habitants de la région.

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Sources :

Tout d'abord, les passionnés de ce train doivent se procurer l'excellent livre de José Banaudo paru en 1999, la référence absolue en la matière : "Histoire des chemins de fer de Provence , tome 2 : "Le train du Littoral "  ( Les Éditions du Cabri) avec la participation du G.E.C.P ( Groupe d'étude pour les Chemins de fer de Provence) et Raymond Bernardi - La Vie du Rail du 13/01/1974 ( courrier des lecteurs) - Gabriel Bonnafoux (†) : "1880-1980; Un siècle de transports en commun dans l'agglomération toulonnaise" ( ouvrage formidablement bien documenté paru en 1985 mais hélas épuisé)

Sources iconographiques : collection personnelle Roland Le Corff; cartes postales G.E.C.P - Photos extraites du livre de José Banaudo : "Le train du Littoral "

©   Roland Le Corff page créée le 30/04/2004 - version du 02/04/2021